« La partition de L’Enfant et les Sortilèges est un mélange très fondu de tous les styles de toutes les époques, de Bach jusqu’à… Ravel…. ! Cela va de l’opéra à l’opérette américaine, en passant par le jazz-band! » M.Ravel en 1925
La fantaisie lyrique se divise en deux parties enchaînées : dans un premier temps nous sommes à l’intérieur de la maison pour nous retrouver ensuite à l’extérieur dans le jardin en pleine nuit. Le livret de Colette présente une manière de marche initiatique par laquelle l’Enfant révolté puis puni reconquiert peu à peu l’unité perdue. C’est sur cette évolution globale que Maurice Ravel organise sa partition. En effet, si nous assistons lors du premier tableau à une fragmentation du discours musical, le deuxième tableau est beaucoup plus unitaire.
- Premier tableau
Nous assistons à une fragmentation du discours musical où tous les mélanges sont permis, où l’anachronisme et la parodie sont de rigueur, où les types vocaux en tout genre alternent.
Le récitatif côtoie la comptine enfantine (punition de maman et révolte initiale de l’enfant), les sonorités jazz se superposent aux chinoiseries pentatoniques (le théière noire et la tassé chinoise), les charges d’opérette (l’horloge comtoise, l’arithmétique) alternent avec les airs de bravoure avec vocalises ( le feu, rossignol), et les reconstitutions factices (chœur pseudo-renaissant des pastoureaux).
En effet, de la révolte initiale de l’Enfant au fameux duo des chats, ce premier tableau aussi éclatante qu’éclaté, est en effet constitué de dix pastiches vocaux distincts, reliés entre eux par la seule habileté d’enchaînements furtifs : révolte de l’enfant, duo du Fauteuil et de la bergère, complainte de l’horloge comtoise, danse de théière noire et de la Tasse chinoise, menace du feu, chœur des Pastoures et des Pâtres, apparition de la princesse, air de l’Enfant (Toi le chœur de la rose »), chargé de l’Arithmétique, duo des chats.
- Deuxième tableau
Dans une seconde partie, tout va tendre au profit d’une unité au niveau de l’écriture musicale. Le mélodrame » antique » du chœur parlé de l’avant dernière scène) se dénoue dans la belle ordonnance d’une fugue école (exemple rarissime chez Ravel) écrite dans la pure tradition du grand chœur symphonique.
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