Paul Niedermann, enfant ayant vécu à la maison d’Izieu, parti avant la rafle du jeudi 06 avril 1944 raconte : « J’ai eu relativement peu de contacts, notamment avec les petits. Par contre, ce qui reste dans mon esprit tout le temps, c’est le soir, sur les marches d’escalier, devant la maison, autour de la fontaine et sur la fameuse terrasse où tant de photos ont été prises. On parlait de l’après-guerre, où on se rencontrerait… »

Des parties de cache – cache, des jeux de foulard sont organisés. Léon Reifman organise des baignades dans le Rhône auxquelles participe Paul Niedermann : « Il fallait descendre des kilomètres à travers champs et on arrivait et … ma foi, il avait dû repérer des endroits parce que le Rhône, par endroits, c’est assez dangereux, il y avait des trous, il y a des remous et il avait dû, je suppose, repérer ça très soigneusement parce que, bon, il n’est jamais rien arrivé ».
[…] J’ai fait là la connaissance de Paulette Pallarès […]. Elle était lycéenne, elle avait un an de plus que moi, elle était venue passer des vacances à Izieu pour aider justement les moniteurs avec les petits. J’avais plutôt des contacts avec Paulette, avec Henry, avec Arnold et Théo, et nous étions les grands, nous étions un groupe à part. »
« On a parlé quelquefois de nos familles et là, c’était beaucoup plus pénible parce que moi, je savais par un ami polonais, depuis le mois de janvier 1943, que les gens avaient été déportés en Pologne et qu’on tuait là-bas. Je ne savais pas ni comment ni où, je n’avais jamais entendu parler d’Auschwitz ni de chambre à gaz ni de four crématoire, mais je savais qu’on tuait et je savais que je ne reverrais plus mes parents, qu’il n’y avait pratiquement aucune chance. »
Paul a toujours gardé de Théo le souvenir d’un garçon qui riait beaucoup. Dans un trou d’eau, Théo l’avait assisté pour lui apprendre à nager. Théo avec qui il chantait des chansons populaires allemandes, le soir à Izieu, sur la terrasse ou autour de la fontaine, en compagnie des autres adolescents de la colonie : Arnold Hirsch et Henri Alexander
Lors de la 14e audience du procès, le 1er juin 1987, Paul Niedermann souligne également l’histoire d’une promesse qu’il n’a pas pu tenir avec son « meilleur ami » Théodor Reis : « Nous faisions des projets d’avenir. Nous parlions de plus tard, une fois que la guerre serait finie. Car elle allait bien finir un jour, monsieur le président. […] On s’est juré de se retrouver après la guerre. On s’est dit : ”Où que l’on soit, nous nous reverrons ».
Comme Paul Niedermann, Henry Alexander a vécu à la maison d’Izieu. Il a quitté la maison avant la rafle du 06 avril.« Est-ce qu’on parlait de nos parents ou de notre passé, de choses comme ça? Je sais qu’on parlait de l’avenir, qu’on avait beaucoup d’espoir. On parlait d’un avenir, qu’on allait se marier, créer des familles; mais Théo et moi, on savait qu’on n’allait plus revoir nos familles ou que, si on allait les revoir, c’était par un miracle.»
Plus près, le grand bassin de la maison sert aussi pour les jeux d’eau, dont profite largement Claude Raiz : « Merveilleux. Je me foutais dans la fontaine, là l’été. Eh bien oui ! c’est ça, c’était une colonie de vacances. Ah, c’était magnifique. (…) On plongeait dans le bassin. On se faisait sécher. On rigolait. »Des balades sont organisées à la cascade de Glandieu, à 1 kilomètre de la colonie, ou dans les bois qui

entourent le hameau. Elles sont l’occasion pour les enfants de cueillir et de déguster les fruits des bois. Les animaux de la ferme font partie des distractions des plus jeunes.