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Léon Reifman raconte la rafle (Le jour du 06 avril, Léon a sauté du premier étage de la maison et a pu s’enfuir)

Le 6 avril, Léon Reifman retourne à Izieu. A la fin du mois d’août 1943, il avait du quitter précipitamment la colonie, recherché pour le Service du travail obligatoire. Réfugié à Montpellier, il travaillait à la direction du ravitaillement général de l’Hérault sous une fausse identité. Il vient retrouver sa soeur, Suzanne, son neveu Claude, et ses parents, Eva et Moïse. Sur le chemin, il prend Max Balsam et Maurice Gerenstein, internes au collège de Belley. Il fait beau. Léon apprécie un début de journée qui s’annonce magnifique : « Je voulais revoir ma famille pour les vacances pascales et, le 6 avril, je suis arrivé plus tôt à Belley. En cours de route, j’ai pris deux grands garçons qui étaient au collège de Belley. Et nous sommes repartis pour Izieu, par le car. Arrivés à Brénier-Cordon – le petit village qui est en bas de la côte -, nous avons pris un petit chemin que nous connaissions, un raccourci, de façon à faire notre arrivée le plus discrètement possible. Par ailleurs, le 6 avril, on sentait déjà que la guerre touchait à sa fin. Alors, il y avait une sorte d’ambiance euphorique. C’était vers 8 heures et demie, 9 heures moins le quart. j’ai eu le temps d’embrasser mes parents. Je suis allé à l’infirmerie, qui était dans la maison principale, voir ma soeur. Nous sommes restés à bavarder cinq ou dix minutes et la sonnette d’en bas avertissait qu’il fallait que les enfants descendent – les enfants et les adultes – pour le petit déjeuner ».
Suzanne redescend en direction du réfectoire, puis tout bascule pour Léon et les occupants de la colonie : « Arrivé à Izieu, j’ai eu juste le temps d’embrasser mes parents et je suis monté à l’infirmerie pour voir ma soeur. Nous avons bavardé quelques minutes. Et puis la cloche du réfectoire a sonné pour appeler les enfants au petit-déjeuner. Je l’ai suivie. Après avoir franchi trois ou quatre marches, j’ai aperçu, en bas dans le couloir qui mène au réfectoire, à environ 4 mètres de moi, trois personnes en civil. Le premier portait une gabardine beige et un chapeau. Il était plus petit que les deux autres et devait mesurer 1,70m. Il marchait les mains dans les poches en direction du réfectoire. […] Les deux autres personnes qui marchaient derrière lui étaient également en tenue civile, et l’un d’eux portait un costume bleu. […] Alors, bien sûr, je me suis arrêté. Le premier qui était à droite du petit a levé les yeux et m’a dit : « Monsieur, descendez, on a besoin de vous ». En bon français d’ailleurs, sans accent. Et tout de suite, ils se sont engouffrés dans le couloir.
Je me suis arrêté. Sur ce fait, j’ai vu ma sur qui m’a fait un signe : « C’est les Allemands, sauve-toi ! » (témoignage de Léon Reifman, procès Barbie, 13e audience, 27 mai 1987).
Léon Reifman saute par la fenêtre et se cache dans un buisson. Le soir venu, grâce aux Perticoz, il quitte Izieu pour être finalement caché dans une famille de Belley.
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